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l'adoption de la constitution du 3 mai par Casimir Wojniakowski 1806
l'adoption de la constitution du 3 mai par Casimir Wojniakowski 1806

Alors que les français ont depuis longtemps oublié la date de leur première république, le 3 mai 1791 est célébré en Pologne jusqu’à aujourd’hui, comme le jour de la première constitution en Europe.

Aujourd’hui les drapeaux rouges et blanc fleurissent sur les maisons individuelles, les immeubles hlm, les voitures de transports en commun et les bâtiments publics.

Le première « majowka » (ou week end de plus de trois jours au mois de mai) bat son plein. . .

Grillades, ballades, baignades se font entendre tout autour de ma ville sous un soleil complice.

Ici même les célébrations de mariage durent traditionnellement trois jours (avec liturgie plus développée en conséquence, mais ça, c’est une autre histoire…) ou la boisson coule à flots...

Mais alors, me direz Vous, qu’est ce qu’elle avait bien de spécial cette constitution ?

Outre le fait que les polonais aiment la fête et les rencontres familiales en soi…

Manquent-ils d’occasions dans l’année vue leur riche histoire ?

En fait la fameuse monarchie constitutionnelle qui fait notre fierté, même l’Angleterre ne l’a pas encore atteint, elle qui voit le pouvoir basculer entre le monarque, le premier ministre, le parlement, la banque d’Angleterre ou autres, au grès de la conjoncture de chaque siècle. . .

La France n’ont plus n’a pas trouvé de stabilité institutionnelle depuis sa première république (même

si la stabilité dynastique et millénaire de l’ancien régime surpassait l’Angleterre)avec

quatorze changements de régimes et presque aucune continuité…

L’Allemagne et l’Italie n’existent en tant qu’états que depuis trop peu de temps pour comparer.

La Russie n’avait même pas de constitution à l’époque où la Pologne en était la province et avait

déjà la sienne depuis longtemps.

Les États-Unis réussirent à avoir la leur quelques années avant nous.

La Suède (indépendante de la Pologne depuis les Vasa)

s’en écrivit une en l’an même de la révolution française.

Les avantages d’une constitution sont que les pouvoirs de chaque partie (roi, parlement, états étrangers par exemple) sont limités par ceux des autres. Le mécanisme est appelé « check and balances » par les américains. . .

Contrairement à ce qu’enseigne l’éducation nationale financé par l'état en France

ce mécanisme de la séparation des pouvoirs n’a pas été inventé par un français.

Montesquieu était un homme sage (légitimiste et modéré) mais on ne peut appeler

invention ce qui n’est qu’une « découverte ».

Comme la loi salique populaire sous l’ancien régime (justifiée par la parole de Jésus

sur « le lys » qui « ne file pas ») la séparation des pouvoirs prend sa source dans la Bible, ancêtre

de nos constitutions, de l’époque moderne.

Cette fois le passage justificatif est Isaïe 33:22 d’un magnifique chapitre d’un des + grands prophètes.

(ces chiffres faciles à retenir pour un verset biblique capital semblent le placer

symboliquement au milieu de ce livre de 66 chapitres. ça ne s'invente pas ça.)

Par contre une autre maxime de Montesquieu appuie la constitution polonaise :

« La force sans la justice est aveugle. . . La justice sans la force est impuissante. »

C’est une manière détournée de justifier le lien qui doit exister entre l’Eglise et l’état.

Ce lien, très fort, fait l’objet du premier article (sur onze) de la constitution du 3 mai.

Il est suivi d’une conséquence logique : "la liberté religieuse,

justifiée par l’amour du prochain", découlant du catholicisme.

Par exemple une constitution ou l’état serait lié au bouddhisme ou à l’islamisme aurait tiré une

autre conséquence d’un tel lien.

Un postulat n’est jamais neutre.

L’obligation de faire des choix, à un moment où un autre, empêche en pratique un état d’être «laïc».

Il y a toujours un penchant pour un côté.

(Mais il ne peut pas être toujours avoué.)

En plus de la séparation des pouvoirs et de la liberté de religion,

d’autres principes encore découlent de l’adhésion à l’Eglise catholique,

comme la liberté des citadins (articleIII) et les paysans (articleIV).

Cette dernière fut le 1 ier inconvénient :

étendue à tous ceux qui viendront s’installer en Pologne dans le futur,

elle risquait de faire fuir vers la Pologne toutes les populations de l’empire russe juste à côté,

ce qui provoqua la fureur de son impératrice Catherine II et la poussa à attaquer la Pologne.

Le risque d’anarchie dans la liberté de circuler d’exercer

n’importe quelle « industrie » était contrebalancé par un

service militaire obligatoire à tous.

Le risque de voir émergé une armée permanente (chose par évidente en Europe de l’Est) voir un régime militaire (comme les tentatives de coup d’état des janissaires en Turquie) était à son tour

contrebalancée par la limitation du nombre de soldats dans l’armée à 100 000 personnes.

Cette mesure a d’ailleurs aussi était imitée, par les Etats-Unis cette fois ci, au XIX iè siècle.

Mais le président de l’époque rejeta la proposition législative en disant qu'il faudrait

alors obliger tous les pays du monde à limiter leurs armées de cette même manière.

Aujourd’hui, ce qui passait à l’époque pour de l’idéalisme, est

le but officiel de l’ONU et autres traités de non prolifération.

Une autre mesure devait tempérer l’instabilité politique résultant de la démocratie.

L’élection libre du monarque était remplacée, d’un magnifique tour de passe passe

réthorique, par l’élection d’une dynastie régnante, celle de la maison de Wettin, qui

avait déjà donné plusieurs rois à la Pologne par le passé.

Ce désaveu du roi régnant, Stanislas II, il était à son tour

tempéré par une remise à plus tard, après sa mort, de la prise effective de pouvoir par les Wettin.

Mais en dépit du courant d’enthousiasme populaire que souleva la nouvelle constitution (y compris

à l’étranger où par exemple les révolutionnaires français criaient « vive la Pologne! »)

l’opposition coalisée de plusieurs grandes puissances et des ennemis de l’intérieur eu

raison du beau rêve.

Comme la constitution de la première république française (enfermée dans un magnifique coffre

en bois précieux en l’attente de jours meilleurs) celle du 3 mai 1791 n’a pas vraiment eu le temps

d’être appliquée…

L’attaque et le démembrement de la Pologne (et de tous les pays concernés par elle)

qui a suivie serait le sujet d’un autre article.

La famille de Wettin donna des souverains à d’autre nations, la Bulgarie, le Portugal

entre autres et règne actuellement sur la Belgique, la Grande-Bretagne et autres…

Beaucoup de polonais furent exilés (de grès ou de force) et firent la fierté de leur pays d’accueil,

comme Kościuszko qui combattit tant et si bien pour l’indépendance américaine qu’il a sa statue

dans l’école militaire de West Point ainsi qu’à Washington.

Les idées du 3 mai furent reprises ailleurs.

fêter le 3 mai fut même interdit pendant l’occupation nazie puis communiste.

Mais la ferveur populaire avait trouvé une parade à cela…

Le drapeau qu’on nous obligeait à accrocher pour la fête communiste du 1 mai

était ensuite « oublié » et laissé jusqu’au trois…

(évidement un régime libéral est plus soft qu'un régime communiste

et permet de fêter les deux événements... et on ne s'en prive pas...)

nos couleurs claquent au vent (à la pluie car j’ai été tellement long à écrire l'article que

la météo a eu le temps de changer) en ce moment même à la fenêtre de ma chambre.

Alors, voilà j’y vais, merci pour tout !

Nihil Novi sine communi consensu.

Tag(s) : #-histoire de la Pologne, #évènementcommémoration, #liens avec la France

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