vu la polémique actuelle qui déchire l'europe au sujet
des évènements autour du vote de notre nouvelle loi
devant l'avalanche actuelle de pseudo informations sur le thème, il manquait une juste mise en perspective de l'interruption de grossesse à travers l'histoire récente,
même en se bornant à traiter un pays.
nous verrons alors quel pays à des leçons à recevoir duquel et pour quoi...
nous avions déjà vu que la Pologne avait été plus tôt démocratique et plus tôt féministe que la France.
les lecteurs assidus ne seront donc pas étonné d'apprendre que l'avortement y fut légal
plus tôt et plus pratiqué.
face à nos 80 millions d'opérations au compteur (tous régimes politiques confondus) le pays dit
des droits de l'homme peut aller se rhabiller avec ses 30 millions maximum...
quand on ne sait pas on se tait.
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alors assis et écoutons la leçon.
les pro vie jusqu'au boutistes racontent que l'avortement a été légalisé pour la première fois en territoire polonais par l'occupant nazi, pour parachever la disparition du peuple autochtone (en
même temps que la loi élevait l'age légal du mariage,
pour les mêmes raisons anti natalistes...). c'est faux.
dans les faits, la première légalisation de l'avortement en Pologne date de 1932 soit une des période d’indépendance et n'est donc pas due à un occupant,
mais à une ordonnance présidentielle relative à l'exercice de la profession médicale.
celle ci autorisait d'interrompre une grossesse dans plusieurs cas (dont le viol) devant être constatés par deux médecins et un procureur.
à l'époque, seule la toute jeune URSS, avait une législation plus laxiste en la matière.
quant à la libéralisation pratiquement totale sous l'occupation nazie,
elle était conjuguée à des peines sévères pour qui interrompait la grossesse d'une "aryenne",
dans un but de grand remplacement de population.
dans le même temps, l'augmentation par le législateur allemand de l'age légal du mariage pour les polonais, tendait à éviter qu'il ne se reproduisent trop tôt.
(d'ailleurs sans ça, le jeune Charles Wojtyla se serait sans doute marié, vu les sollicitations qu'il avait et le cardinal Wyszynski aurait été élu pape, mais je m'égare...)
en plus aujourd'hui les mêmes ajustements (entre autres avortement en vente libre et mariage de plus en plus tard) sont pratiqués librement par les nations européennes, sans aucune contrainte légale et
on peut constater que cela n’entraîne aucune baisse significative de la popul... bon ok mauvais exemple.
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de leur côté les pro avortement jusqu'au boutistes prétendent que l'avortement était de tout temps une revendication féministe fondamentale,
pour libérer la femme de l'esclavage de, heu... sa fécondité peut être...
c'est faux aussi.
au dix neuvième siècle, l'avortement était regardé par les féministes comme une violence faite aux femmes, comparable à la castration pour les hommes.
on ne trouve presque pas de meneuse féminine partisane inconditionnelle de cette pratique.
même en Pologne, pays à la pointe de la cause, alors préoccupée de la lutte pour son indépendance et l'autodétermination de ses habitants et habitantes.
l'un des principaux parti indépendantiste, la SDKP avait à sa tête une femme, Rosa Luxemburg, qui jamais ne plaça l'ivg dans ses revendications, pourtant révolutionnaires...
mais un autre disciple de Marx finit par mener au bout une révolution.
et ce Lénine s'empressa de supprimer "toutes les barrières" à l'avortement dans l'état qu'il avait fondé.
en revanche en 1936son successeur Staline changea de politique radicalement "par manque d'hommes" et restreint l'avortement sur ses terres.
il disait que l'avortement, dont il constatait la prolifération dans les pays "bourgeois", est "inacceptable dans un pays où l'on bâtit le socialisme".
l'histoire ne dit pas s'il l'aurait libéralisé la loi une fois que l'hypothétique socialisme aurait été enfin établi.
il faut donc attendre la fin du stalinisme en 1955 pour que la loi s'allège dans les pays du bloc de l'est.
ce sera l'objet d'un autre passionnant article.