pour affronter Marx sur son terrain, en Allemagne
il fallait pas moins qu'un héros de guerre, doublé d'un grand logicien et historien de la logique européenne, d'un philosophe et d'un dominicain...
aujourd'hui l'anniversaire de cette personnalité d’exception fourni un prétexte confortable pour
parcourir sans effort un grand pan de l'histoire du vingtième siècle.
Joseph François Emmanuel Bocheński (1902 1995) naît un30août
en Pologne.
comme ses prénoms l'indiquent sa famille est de la vieille noblesse.
on pourrait d'ailleurs faire des articles pareils à celui ci sur nombre de ses parents.
comme comme leur nom de famille l'indique, ils possédaient notamment, la ville de Bochnia.
celle ci était situé, au moment de sa naissance, dans la zone d’influence de Vienne
ce qui fait partager à Bocheński une caractéristique avec Charles Wojtyła, le fait que lui fut
choisis un
prénom comme celui d'un empereur d'Autriche_Hongrie
(l'un pour Charles, l'autre pour Franz\François Joseph).
hé oui le rapport des polonais à un occupant catholique n'était pas
aussi mauvais que dans la zone d'occupation prussienne et russe.
cependant, en religion il prendra les prénoms de Marie et Joseph,
accolé à celui du pape Innocent.
déjà une forme d'humour, pour un garçon qui vient de servir en tant que volontaire
dans la guerre bolchévico polonaise dont nous avons fêté la victoire récemment ici.
*
à ce fait d'arme, dans le 8 ième régiment de cavalerie des Ułans,
ne suffira pas à notre Bocheński qui ajoutera sa participation au
8 ième régiment d'infanterie, cette fois en tant qu'aumônier,
s'étant fait prêtre (et dominicain) entre les deux guerres.
ces deux luttes à mort contre le totalitarisme achevèrent de
faire de lui un ennemi mortel de l'idéologie communiste.
alors en 1945 il ne rentra pas en Pologne, occupée par les rouges, mais resta enseignant à
l'université suisse de Fribourg qui l'avait déjà accueilli en tant qu'étudiant entre 1928et1931.
parfaitement francophone, comme la noblesse polonaise d'avant guerre,
il s'intégra tant et si bien qu'il finit par se faire élire recteur de l'université.
la Suisse le considère comme un trésor national.
oui, c'est ça, comme l'Ecosse avec le loch ness.
*
pourtant son domaine d'études est tellement ardu et pointu que sa matière scolaire elle même,
la logique, est tristement absente des programmes scolaire et universitaire de pays comme la France.
elle sert pourtant beaucoup, par exemple à démonter un discours pièce par pièce
pour en juger les composants, permettant une plus grande clarté dans le propos.
des élèves mieux formés à estimer la correction de leur professeurs
sont forcément mieux notés par ces derniers (pas dans le sens que
leurs notes seront meilleurs mais plus justes.)
car, la correction devenant plus transparente,
ils sont plus durs à berner.
*
quand une philosophie ne
s'appuie pas, ou ne fait même pas semblant de s'appuyer sur la logique, elle risque de pouvoir justifier toutes les dérives (et une notation fantaisiste comme quand une de mes anciennes prof de français, pourtant réputée première au concours, nous conseillait
pour nos rédactions d'inventer de toutes pièces des citations de gens
célèbres pour notre argumentation, soit l'inverse de ce que
je fait sur ce site, où toutes les informations sont vérifiées.)
le père Bocheński souffrait beaucoup de voir
son pays aux prises avec la folie communiste.
pour lui c'était simple.
l'obscurantisme, ce n'était pas le moyen age, c'était le vingtième siècle.
les gens avaient tronqué le bon sens pour des idéologies à oeuillières.
au contraire, à ses yeux savants le moyen age avait été
un des trois ages d'or de la logique, avec la scolastique.
il ne pouvait pas se résoudre à laisser cette folie régner sur sa terre natale,
mais dans l'impossibilité d'y retourner dans l'immédiat, il parcourait le monde,
pour expliquer patiemment tout le mal qu'il faut penser du
marxisme léninisme, imposé comme philosophie politique.
sur le sujet il devint consultant sur le sujet pour de nombreux gouvernements, y compris américain, un peu comme les gouvernements français ont parfois un "monsieur islam"...
*
alors tout naturellement, quand en 1955-1956
le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe jugea
l'affaire de la légalité du Parti communiste d'Allemagne, il fut un expert attitré et écouté.
le parti fut délégalisé.
cette victoire de la logique sur l'idéologie dura jusqu'en 1968 quand le balancier
se renversa en faveur de l'extrême gauche et que le parti (et
ses brigades de tueurs) revint malheureusement à la mode...
mais trop tard pour empêcher la renaissance allemande des "trente glorieuses".
en tout cas ce procès du père Bocheński contre le parti communiste avait donné
du fruit. on pourrait remplir une top liste de ses propos clairs nets et tranchants...
imaginez un frère tuck en robe de bure noire et blanche faire la leçon devant une cour
en France... qui l'aurait laisser faire ?
d'ailleurs je ne serais pas étonné que
Vous n'ayez jamais entendu parler de ce grand logicien.
quelle place les intellectuels français pouvaient ils faire
aux anticommunistes dans
les années 60 voire plus ?
leur donner la parole, même une chouia, aurait fichu par terre tous les efforts de propagande.
bien sûr on pourrait croire que le recours à l'argumentation élaboré est
inutile du côté catholique, les papes s'étant déjà mainte fois prononcés
contre cette idéologie, comme
d'ailleurs sur l'éthique du sexe.
mais nous sommes suffisamment adultes pour que Vous sachiez que, sur les deux sujets, les
rappels à l'ordre (ou rappel des faits tous simplement)
sont encore parfois nécessaires...
et il faut parfois une patience de moine et un mental de
guerrier pour asséner ces choses.
*
pour Vous donner une idée du bonhomme, une fois, quand il devait enseigner dans des
endroits différents trop éloignés, plutôt que de choisir qui priver de ses lumières, il passa
tout simplement une licence de pilote d'avion à 40 jours
de ses 70 ans et il reliait par la vitesse ces deux points.
*
après la chute du mur et du communisme, il fut chaud partisan de l'éradication
complète des collaborateurs de la sphère politique, une politique cruelle, que la
Pologne, au pardon miséricordieux, ne suivit pas
mais que les tchèques, moins tendres, ont pris...
le père Bocheński voulait aller plus loin, en excluant aussi les gens lâches
au système de valeurs trop mou, parfait candidats à toute collaboration...
sa thèse est paradoxalement moins délirante que l'habitude de la droite de traquer
des communistes partout (comme la gauche trouvant partout des fascistes) ce qui
peut compliquer la vie publique, voire gêner les conversations
privés, quand les gens accordent trop de place à la politique.
mais on peut difficilement accuser de ça les polonais
qui sont rarement plus de 40 % à se déplacer voter.
pour nous, la participation à la messe dominicale (accompagnée la plupart du temps
de l'adjectif "sainte") semple statistiquement plus importante, comparée à la France.
ça amuse 1 peu certains parfois.
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le génie du père Bocheński, c'est d'inverser l'accusation,
en présentant l'idéologie communiste comme une secte.
il en avait jusque là.
son petit cent superstitions publié encore dans la clandestinité sous le régime
communiste témoigne de ses opinion tranchées. ce livre là était destiné à ses
compatriotes slaves.
mais bon nombre de ses ouvrages ont été publiés, même en premier lieu,
en français notamment son magistral "manuel de sagesse" de ce monde.
profitez en... on ne vit qu'une fois (dans ce monde).
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on laisse le mot de la fin à notre fin soviétologue...
"chez nous, en Pologne, l'énorme majorité des prêtres était et est du peuple... notre clergé est, grâce à Dieu, la chair de la chair et le sang du sang du paysan polonais et de l'ouvrier polonais.
notre église est une église populaire.
c'est pour cela que les bolchéviques
ont tant de mal à la détruire..."
professeur J M I Bocheński op
amuse certan parfois